Avant d’octroyer un prêt, les banques doivent être sûres des capacités de remboursement de l’emprunteur. Pour minimiser les risques et les défauts de paiement, elles privilégient les profils typiques (CDI, fonctionnaires, etc.) … auxquels les autoentrepreneurs n’appartiennent malheureusement pas.
Vous êtes autoentrepreneur et souhaitez obtenir un prêt ? Pourquoi les banques vous font si peu confiance ? Et comment les convaincre de votre stabilité financière ?
Pourquoi est-ce si difficile d’obtenir un prêt bancaire en tant qu’auto-entrepreneur ?
Accorder un prêt comporte toujours un risque. L’objectif de l’établissement bancaire est de s’assurer que l’emprunteur sera bien en mesure de rembourser le capital et les intérêts. Le maître mot recherché est alors la « stabilité ». Or, difficile pour une banque de présager de la stabilité d’un auto-entrepreneur, dont les revenus peuvent considérablement varier d’un mois à l’autre… et parfois disparaître du jour au lendemain. À l’inverse, bien que le risque zéro n’existe pas, un salarié en CDI constituera un profil plus fiable. Ainsi, il n’est pas rare qu’un employé venant tout juste de valider sa période d’essai et de signer son CDI se voit accorder son prêt quasi immédiatement. Même si les choses évoluent peu à peu, nous sommes encore loin d’en dire autant des auto-entrepreneurs, qui mettent parfois plusieurs années à prouver leur capacité de remboursement et la régularité de leurs revenus aux banques.
Autre argument : la logique des banques suppose qu’une personne en CDI a de grandes chances d’obtenir une promotion au fil de l’évolution de sa carrière. Dans un tel contexte, il paraît normal que la solvabilité de l’emprunteur ne puisse aller que croissant. À l’inverse, rien n’est jamais sûr chez l’auto-entrepreneur et ce même si celui-ci gagne déjà bien sa vie aujourd’hui.
Ainsi, les banques vont prendre en compte plusieurs critères avant de valider leur décision, parmi lesquels le type de contrat professionnel, la croissance des revenus… mais aussi l’épargne et le contexte personnel, voire l’historique financier de la personne. Ce qui peut changer la situation et donner toutes ses chances au profil d’un auto-entrepreneur, qui aurait d’abord pu sembler défavorisé par la nature même de son statut. Alors comment rassurer son établissement bancaire sur sa solvabilité lorsqu’on est auto-entrepreneur ?
Comment convaincre une banque de vous octroyer un prêt si vous êtes auto-entrepreneur ?
Il est primordial de bien préparer votre dossier et de soigner votre profil pour qu’il apparaisse sérieux aux yeux de la banque. Si vous êtes auto-entrepreneur et qu’en plus vos revenus ne permettent pas de couvrir la totalité de vos frais, que vous êtes confrontés à des découverts à chaque fin de mois et que vous n’avez aucune visibilité sur l’avenir de votre activité, la négociation s’annonce mal.
La première garantie que vous pouvez apporter se trouve dans l’historique de votre activité. Vous avez plus de chance d’obtenir une acceptation si vous avez déjà 2 à 3 années d’exercice derrière vous. De nombreux auto-entrepreneurs ne survivent pas à 3 ans d’existence : si vous l’avez fait, c’est bien la preuve qu’il existe une certaine régularité dans votre secteur qui vous assure pérennité et revenus fréquents qui vous permettent de vivre. De plus, les revenus sont souvent bas les premiers mois lorsqu’on est auto-entrepreneur, le temps de trouver de nouveaux clients et d’asseoir sa réputation, pour ne commencer réellement à décoller qu’après quelques mois dans la plupart des cas.
Justifiez aussi de votre stratégie et de votre domaine d’activité. Tous les secteurs ne sont pas aussi viables ni profitables. Être auto-entrepreneur plombier ou maçon rassure d’emblée plus qu’avoir une activité saisonnière fluctuante. Préparez votre argumentaire et montrez à votre banque qu’auto-entrepreneur est avant tout un statut. Les situations qui se cachent derrière sont aussi nombreuses que diversifiées ! Parmi les documents à apporter à votre dossier figure le bilan financier, relevés bancaires récents à l’appui. Montrez l’évolution de vos contrats et de votre portefeuille clients qui se reflète souvent directement sur votre chiffre d’affaires. En observant votre bilan, votre banquier pourra évaluer votre marge de manœuvre et le prêt auquel vous pourrez prétendre.
Restons néanmoins pragmatiques : chez l’auto-entrepreneur, l’apport s’avère d’autant plus crucial. Là encore, au-delà de l’aspect pratique de l’apport, la portée est aussi d’ordre symbolique. Demander un prêt avec un apport personnel, c’est prouver sa capacité à épargner aux établissements prêteurs encore hésitants. Même si votre profil sera jugé à risque, avec votre apport, la banque sera déjà plus rassurée. On estime généralement que votre apport devra être d’au moins 10% du montant demandé. Si vous voulez emprunter 100.000 € à votre banque, venez donc au moins avec un apport de 10.000 €.
Revenons sur un autre point majeur : votre historique d’emprunteur. Avez-vous déjà d’autres crédits à rembourser ? En particulier des crédits à la consommation qui s’accordent plus facilement et qui peuvent parfois constituer un engrenage duquel il est difficile de sortir. Prenons un autre exemple : celui d’un étudiant qui a contracté un prêt pour payer ses études. Pour certaines études secondaires aux frais d’inscription très élevées, il n’est pas rare que l’étudiant s’endette de plusieurs dizaines de milliers d’euros, et ce avant même d’avoir trouvé un travail. Le pari de la banque, c’est que l’emprunteur investit sur sa carrière et qu’il trouvera rapidement un emploi bien payé pour lui permettre de rembourser. Or, le statut d’auto-entrepreneur séduit de plus en plus de jeunes diplômés en quête de liberté et qui ne trouvent plus ni plaisir ni motivation dans le salariat. Si c’est votre cas et qu’en tant qu’auto-entrepreneur vous êtes parvenu sans difficulté à rembourser votre prêt étudiant, la banque sera à même de vous faire davantage confiance pour d’autres crédits.
Finissons avec une dernière option : le choix du co-emprunteur. Même pour les salariés en CDI, emprunter seul peut parfois être un véritable parcours du combattant. Si vous êtes auto-entrepreneur et en couple avec un(e) salarié(e), vous apparaîtrez plus convaincant et mieux préparer pour trouver un crédit !